Revue de presse

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La France dans l’impasse pour 4 ans ?

Par : Volti
Par Dominique Muselet pour Mondialisation.ca Ce mercredi 22 mars 2023, toute la France attend la Sainte parole de son président tout puissant qui vient d’utiliser le 49.3 pour court-circuiter l’Assemblée et forcer les Français à travailler deux ans de plus. Sous le nom bénin de réforme des retraites, il s’agit...

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Sommations hypersoniques

Par : Volti
Source Dedefensa via l’Échelle de Jacob Quelques précisions importantes sur les engins hypersoniques russes, particulièrement à la lumière de leur emploi opérationnel en Ukraine, données par un expert  apprécié, même si peu connu, l’amiral croate à la retraite Davorin Domazet. Chaque nouvelle approche du phénomène confirme sa fantastique importance du...

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Pan après pan, ça tombe et ça creuse

Par : Volti
Chronique par Lediazec On dit souvent – pour justifier l’inqualifiable – que le peuple ne sait pas ce qu’il veut. Que dépourvu de pensée, il lui faut des esprits « supérieurs » pour penser à sa place. En substance, il lui faut des guides, faute de quoi des « mauvaises idées » lui travaillent...

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L’arnaque de la canicule anthropique

Par : Thierry65
Merci Foulk Source Linkedin.(lisez l”article source pour avoir des infos en compléments..) Histoire climatique très bien expliquéeQuelle prétention de croire que c’est l’homme qui a changé le climat !Il y a 22 000 ans, le niveau de la mer était de 110 mètres plus bas qu’aujourd’hui.Il y a 8 000...

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« Les stocks physiques du marché de Londres des entrepôts remplis de sacs de pierres au lieu de minerai ». L’édito de Charles SANNAT

Par : Volti
Source Insolentiae Mes chères impertinentes, chers impertinents, Qu’est-ce que l’on rigole dans notre monde de margoulins. En voici une nouvelle et sacrément copieuse. La banque JPMorgan possédait du « nickel » au LME et la banque américaine avait mis le métal sur le marché au début de l’année dernière. Le problème c’est...

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Guerre diplomatique à distance entre Pékin et Washington

Par : Volti
Proposé par Amar D. Par Mehdi Messaoudi pour Algérie54 Longtemps discrète, la diplomatie chinoise gagne des points et est entrain de réaliser d’importants succès sur la scène internationale, devenant par voie de conséquence un acteur incontournable dans le règlement des conflits dont les commanditaires sont les occidentaux et leur leader...

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Le retour imminent de l’or comme monnaie va amener la chute de l’économie occidentale

La Russie et ses alliés asiatiques pourraient détruire le système mondial des monnaies fiduciaires Les conséquences de l’adoption par la Russie et ses alliés asiatiques d’une monnaie adossée à l’or sont mal comprises par les marchés financiers occidentaux. Cette décision pourrait conduire à la destruction du système mondial des monnaies fiduciaires....

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Macron ne cédera rien.

Par : Thierry65
Source : Twitter Par Ian Manook, écrivain «Macron ne cédera rien parce qu’il n’est pas là pour gouverner. Il n’est même pas là pour être réélu et encore moins pour faire une carrière politique. Il se fout de tout ça, et donc il se fout de ce qu’on pense ou...

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Voici les “théories du complot” qui se sont avérées être vraies !

Après les nombreuses révélations au sujet du Covid, les théories du complot deviennent réelles pour de plus en plus de personnes Deux tendances ont émergé, d’abord lentement, puis, ces dernières semaines, à un rythme qui semble s’accélérer. D’une part, un grand nombre des revendications fondamentales à l’origine des confinements, des...

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Huit milliards de Sadako Sasaki

Par : Volti
Par Maryse Laurence Lewis pour Mondialisation.ca Parmi toutes les références de lecture que j’accumule, depuis l’âge de quinze ans, je ne retrouve plus celle qui est peut-être vraie, peut-être légendaire, datant de l’époque où la Suède constituait un empire. Lors d’un siège, les adultes de la ville s’étant réunis, on...

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Escalade USA vers l’Orient

Par : Volti
Par Manlio Dinucci pour byoblu.com via Mondialisation.ca MARS 2003 – Il y a vingt ans, le 20 mars 2003, les USA et la Coalition sous leur commandement attaquaient et envahissaient l’Irak, accusé de posséder des armes de destruction massive sur la base de “preuves” avérées ensuite fausses. Le Secrétaire d’État...

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Retraites 2023 : jusqu’à 1,28 million de manifestants

Par : Volti
Source STATISTA De la colère à l’Assemblée nationale, de la violence dans les rues et la capitale parsemée de déchets. La réforme des retraites de Macron a certes été votée à l’Assemblée nationale suite à l’utilisation par le gouvernement Borne de l’article 49-3 de la constitution, mais une grande partie de...

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« Les banques et les multinationales doivent tomber ! » Avec Nicolas Faure et Toufic Beainy

Nous recevons Nicolas Faure et Toufis Beainy sur la chaîne Youtube ! Nicolas Faure est consultant et auteur, avec Toufic Beainy, de « Multinationales ou mafias » aux éditions Perspectives Libres. Le but des auteurs de cet essai est de prouver les similitudes multiples qui existent entre le PDG d’une entreprise multinationale, tel que...

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La Russie met en garde la Grande-Bretagne contre la fourniture à l’Ukraine d’obus à l’uranium appauvri

Par : Volti
Christelle Néant pour Donbass-Insider Le 20 mars 2023, Annabelle Goldie, ministre d’État à la Défense britannique, a annoncé qu’en plus de fournir des chars Challenger 2 à l’Ukraine, la Grande-Bretagne fournirait aussi des obus à l’uranium appauvri, que la Russie considère comme des bombes sales. Moscou a mis en garde...

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Explosif : Les vaccins Covid-19 peuvent provoquer des “handicaps permanents” !

Une déclaration choc du ministre allemand de la santé Le ministre allemand de la santé, Karl Lauterbach, qui avait affirmé que le vaccin COVID-19 était dépourvu d’effets secondaires, a admis la semaine dernière qu’il s’était trompé, déclarant que les effets indésirables se produisaient à raison d’une dose sur 10 000 et...

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« Pékin/Moscou. Xi Jinping en Russie ». L’édito de Charles SANNAT

Par : Volti
Source Insolentiae Mes chères impertinentes, chers impertinents, Xi Jinping le président chinois est en visite d’état pour trois jours à Moscou ou il va pouvoir s’entretenir longuement avec le président russe Vladimir Poutine. Les Chinois sont toujours très diplomates et permettent toujours aux « adversaires » de garder la face. Aussi, ce...

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Communiqué de presse : Garde à vue, mise en examen, délire médiatique

Par : Volti
Par : Jacques D, Thibaultraa, Vanessa T, Lilou 17, Medhi B, Laura L… Source : Regenere / Thierry Casasnovas Pour soutenir Thierry et RGNR, pour faire bloc contre la propagande actuelle, offrez nous votre témoignage : ▶ https://airtable.com/shrwDPcONkBnBpc3P

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Le préfet de police de Paris insulte l’Algérie

Par : Volti
Proposé par Amar D Source Algérie54 Le 13 févier 1991 j’étais à Bagdad quand un bombardier furtif américain – en opération humanitaire – a largué une bombe – forcément démocratique – sur un abri du quartier d’Amiriya. A l’intérieur plus de 400 femmes et enfants sont morts. Et il a...

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L’étau russe se resserre autour d’Avdeyevka, et 70 % de Bakhmout est sous contrôle de Wagner

Par : Volti
Par Christelle Néant pour Donbass-Insider Le 20 mars 2023, Evgueni Prigojine a officiellement annoncé que 70 % de la ville de Bakhmout (Artiomovsk) étant sous contrôle des combattants de Wagner. Dans le même temps, les forces russes situées près d’Avdeyevka, ont pris le contrôle de Krasnogorovka et de Petrovskoye (Stepovoye) au...

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Pays-Bas : Victoire exceptionnelle des agriculteurs qui devient le premier parti au sénat !

Les agriculteurs néerlandais remportent les élections régionales Le succès du Mouvement des agriculteurs-citoyens (BBB) compromettra davantage les projets du gouvernement néerlandais visant à imposer des réformes agricoles radicales qui, selon les militants, détruiront les communautés rurales… Les électeurs ont asséné un coup de massue à l’establishment néerlandais lors des élections...

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Une vidéo extra pour comprendre la mécanisation agricole.

Par : Volti
Source Insolentiae Je vous invite à regarder cette vidéo qui dure moins de 3 minutes. Elle est passionnante si vous vous demandez comme on cultive les pommes et la manière dont on les ramasse, mais aussi les carottes, ou encore les champignons de Paris, ou les betteraves, ou le coton....

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L’infirmière sort libre du tribunal.

Par : Thierry65
Une infirmière anti-vaccin qui a injecté à près de 8 600 personnes âgées une solution saline au lieu d’un vaccin Covid-19 est sortie libre du tribunal. Antje T., 39 ans, infirmière de la Croix-Rouge, a injecté à des milliers de patients âgés dans un centre de vaccination en Allemagne ce...

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États-Unis : Les républicains tentent d’empêcher l’arrivée du dollar numérique

Le projet de loi Anti-Surveillance State Act pour préserver les droits des américains Le président Joe Biden et son administration tentent de mettre en place un dollar numérique américain « de type autoritaire » et « de surveillance » par le biais de décrets, a averti mardi Tom Emmer (R-Minn), de...

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L’Ukraine et la Russie. La cause première de la guerre contre la Russie.

Par : Volti
Par Jean-Yves Jézéquel pour Mondialisation.ca Ce texte est le quatrième volet de dix articles. * Comme on l’a dit plus haut, l’attaque contre la Russie doit être mise en lien avec la tentative de la Russie et de la Chine de se libérer, par les BRICS et son CIPS (8...

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Après l’utilisation du 49-3 pour la réforme des retraites, Macron est au bord du gouffre révolutionnaire

Le sort de la réforme phare des retraites du président français Emmanuel Macron est en train de se jouer Le président français Emmanuel Macron était confronté à un moment de réflexion jeudi, alors que les législateurs se préparaient à un vote final sur la réforme des retraites du gouvernement, profondément...

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Cataclysme bancaire et financier : Étape III du great reset ?

Trois banques régionales américaines au tapis En fin de semaine dernière, trois banques américaines – Silvergate, SVB et Signature – se sont effondrées en seulement quelques heures. Les médias US et européens ont tout de suite relayé un effet de contagion qui rappelle les pires heures de la crise de...

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La CPI veut arrêter Poutine pour avoir mis des enfants à l’abri, loin des bombardements des FAU

Par : Volti
Par Christelle Néant pour Donbass-Insider Le 17 mars 2023, la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye a émis un mandat d’arrêt contre le Président russe Vladimir Poutine et la médiatrice russe pour les droits des enfants Maria Lvova-Belova pour « déportation » d’enfants hors du territoire ukrainien. En clair la CPI...

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Intermezzo allégorique

Par : Arkébi
 » Si, toutefois, comme l’a suggéré Pareto […], une élite dirigeante est inévitable, alors nous sommes certainement sous le joug des mauvaises élites. La question de savoir si une alternance des élites peut être achevée à temps pour sauver le système économique mondial de la ruine et la majorité de...

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Western version faillite bancaire

Par : Volti
Par Lediazec Entre la rivière et la mer un mince et solide filet d’eau. Entre la sueur et l’argent un gros fil à la patte : la banque ! Récemment la tête remplie de misère et de violence ; de projets sépulcraux et de chaos mondial, pour me détendre, j’ai plongé dans un...

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Affaire du franc libre : La vérité sur les accusations contre Juving-Brunet avec Juan Branco

Géopolitique Profonde reçoit Juan Branco, en direct ! Il révèle tout sur les accusations qui ont mené à l’emprisonnement du Capitaine Juving-Brunet – aujourd’hui libéré – suite à l’affaire du Franc Libre. (3) AFFAIRE DU FRANC LIBRE : LA VÉRITÉ SUR LES ACCUSATIONS CONTRE JUVING-BRUNET AVEC JUAN BRANCO – YouTube...

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La bombe atomique n’existe pas (?)

Par : Volti
Mon correspondant PHL a visionné cette vidéo ultra dérangeante pour le système guerrier, s’il s’avère qu’elle dit vrai. Sommes nous victimes d’un énième enfumage manipulatoire ? Regardez les “preuves” avancées par l’auteur de la vidéo et…. réfléchissez sur la possibilité que ces engins terrifiants, ne soient que mensonges destinés à...

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Un peu de lucidité avec Nicolas Bonnal

Par : Volti
Concentrez-vous sur ce qui se dit.. sans filtre Source Manu LRDM (Le Réveil des Moutons) Le livre de Nicolas Bonnal ” Le livre noir de la décadence romaine” https://amzn.eu/38gzkea

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École : la fabrique des crétins ? Avec Jean-Paul Brighelli [entretien intégral]

Par : Volti
Tribune libre par ARKÉBI “Connaissez-vous le protocole de Lisbonne ? Non ? Vous avez tort.En 1994, le Conseil européen a pris le pouvoir sur notre éducation nationale Son objectif : la fabriquedes crétins.” Jean-Paul Brighelli(Jean-Paul Brighelli, agrégé de lettres modernes, est un enseignant et essayiste français. Auteur denombreux ouvrages, il...

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Les médecins du monde entier disent qu’il est temps d’arrêter les vaccins !

Face aux preuves de plus en plus nombreuses des dangers du vaccin COVID-19, des médecins et des experts de la santé internationaux, prennent le risque de parler Récemment, les mots « COVID-19 » et « Fauci » ont fait fureur sur Twitter. Et lorsque vous cliquez sur ces hashtags, vous n’obtenez pas un message gouvernemental régurgité. Au lieu...

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L’islam, et nous les athées (Laurendeau)

Par : Ysengrimus

Allan Erwan Berger: L’ampleur de cet ouvrage, qui, sans se vouloir exhaustif, embrasse quand même tout le paysage de l’islam, montre que le sujet ici traité vous attire par toutes sortes de côtés. Quel fut l’élément déclencheur qui vous propulsa dans cette enquête?

Paul Laurendeau (Ysengrimus): Il y a eu deux facteurs. D’abord l’existence d’un monothéisme oriental et abrahamique se jugeant (avec un peu d’outrecuidance à mon sens, mais bon) dans la force de l’âge. Je veux dire par là que voici un culte très proche du nôtre mais qui n’embrasse pas encore ses indices de déréliction. Il croit encore croire en lui même, disons comme le faisait le catholicisme circa 1951, avant le grand plongeon. Ceci est donc un moment absolument captivant, Une «époque formidable» de l’islam, en quelque sorte. Le second facteur, absolument crucial, ce sont les musulmans et les musulmanes de la diaspora. Ils (et elles) sont proches de nous, ils sont avec nous. On en parle. Amplement. Et pas très bien. J’ai voulu laisser se manifester ici, de concert, ma curiosité pour une religion monothéiste encore en haut de la crête et un respect attentif pour nos compatriotes musulmans, dont je suis solidaire malgré intox médiatique et ethnocentrisme au ras des mottes.

Allan Erwan Berger: Vous commencez par poser le cadre, et dans ce cadre vous définissez le point depuis lequel vous observez l’islam: celui d’un occidental athée. Occidental: bon, on se dit, voilà une personne qui est la résultante de tant de mouvements migratoires qu’on va pas lui chipoter sa position géographique et philosophique qui la place en bout de chaîne, et puis boum, en fait si… car voilà, vous êtes athée, et l’athéisme est la résultante de forces nées officiellement en Europe sous le patronage de d’Holbach, Diderot, La Mettrie et toute la joyeuse bande des petits monstres qui aboutit à Hara-Kiri par exemple, le journal bête et méchant. Alors évidemment, tout de suite, on s’attend à une objection, dont l’exemple-type est donné par la fameuse répartie: «On en reparle (du féminisme) quand tu seras doté d’un utérus, OK ?» qui est une attaque ad hominem portée contre un interlocuteur masculin, même sympathisant, pour lui dénier le droit de causer des femmes et de leur combat. Ici, on peut vous dénier la capacité d’être pertinent sur la religion simplement parce que vous n’avez pas de religion. Vous répondez comment?

Paul Laurendeau (Ysengrimus): Une petite rectification d’historien matérialiste d’abord (celle-ci ne dévalue en rien votre argument de base qui, lui, reste). Avant de venir de La Mettrie et du Baron d’Holbach, l’athéisme prend intellectuellement corps en de vastes mouvements sociologiques semi-conscients qu’on pourrait appeler: mouvement de déréliction. La déréliction s’installe historiquement quand les connaissances augmentent, les peurs diminuent, le conformisme ethno-familial se résorbe et le cureton perd en prestige devant l’avoué, l’instituteur, le bateleur ou le carabin. Nous (occidentaux), on est en déréliction comme on est en automne. Les feuilles crucimorphes tombent, tout doucement, sans violence. Mais il n’est pas loin de notre souvenir, le temps de leur vive verdeur. Aussi nous ne sommes pas abstraitement «sans» religion comme Bayard était sans peur. Nous sortons plutôt de religion, comme serpent qui mue. Et en matière d’athéisme, comme pour le reste, les maîtres penseurs sont des chouettes de Minerve. Leur cri devient audible quand le dispositif vespéral du crépuscule des cultes est déjà bien en place dans les masses. Mais laissons cela car votre question reste. Pourquoi parler de religion si on est sans? Je réponds qu’une religion, surtout une religion de portée universelle, est à moi autant qu’aux religieux s’y ralliant. Pensée dans un cadre athée, la religion s’avère être rien d’autre qu’un dispositif ethnoculturel analogue, disons, à la musique ou à la gastronomie. Je devrais ignorer la musique parce que je ne suis pas instrumentiste, négliger la gastronomie tant que je n’obtiens pas mon cordon bleu? Qu’est-ce que c’est que cet encapsulage des savoirs? Il n’est pas conforme à la vie ordinaire des cultures. Voyez la magnifique musique grégorienne. Je devrais m’en priver parce que je ne chante pas dans la chorale, ne comprend pas le latin et ne crois pas ce que le plain chant raconte? Mazette. C’est pas possible, ça. Le fait est que la religion nous laisse un produit, artistique ici, auquel j’ai droit autant que vous, que la mercière et que bon-papa. L’islam pour moi est un corpus semi-légendaire, me mettant magistralement en contact avec la vision du monde fondamentale (philosophique et mythologico-historique) d’un milliard et demi d’humains. Je devrais y rester sourd sous prétexte que je ne partage pas ses postulats? Franchement non. Je ne suis pas ici pour me convertir mais pour m’instruire. Votre religion a un impact universel, mes bons amis musulmans. Conséquemment, les penseurs athées s’y intéressent aussi. C’est leur devoir de le faire d’ailleurs, s’ils entendent comprendre adéquatement leur interlocuteur.

Allan Erwan Berger: Le Coran n’est pas sans racines. On peut voir, en le lisant, qu’il s’accroche à l’histoire, qu’il ne naît pas inédit depuis un hors-sol hors le monde, car bien des canaux mythologiques lui fournissent la matière imagée de son propos. J’ai été joliment étonné fin 2014 lorsque, ayant lu votre «Naissance de Jésus» telle qu’elle est relatée dans le Coran, j’y reconnus les motifs et le contexte du récit, par Homère, de la naissance d’Apollon: solitude, isolement, clandestinité de la mère qui est exposée à un danger, et présence cruciale du palmier nourricier… tout s’y retrouve. Plus généralement, le Coran dispose, pour son prêche, des nombreux éléments d’un corpus littéraire anatolique (est égéen, sud-Taurus) très ancien, qui date du temps d’avant la période hellénistique. Du coup, la langue grecque lui est fondamentale! «Elle est manifeste non seulement dans le lexique coranique, mais aussi dans les métaphores, la transmutation opérée sur les récits d’apparence biblique ou midrashique, ainsi que dans les références juridiques ou économiques.» Je cite ici l’anthropologue Youssef Seddik, dans son introduction à Le Coran, autre lecture, autre traduction, éditions de l’aube, 2002. Monsieur Seddik y montre que bien des mots arabes sont forgés sur du vieux grec, et que la réinterprétation hellénisante des signes inscrits dans le Coran délivre l’étudiant de toutes sortes d’obscurités qui jusqu’à présent semblaient indépassables: bien des fragments de sourates y trouvent un sens dont le niveau de clarté se place enfin en harmonie avec celui plus général de l’ouvrage, qui n’est quand même pas très mystérieux. C’est là une découverte plutôt inattendue, mais à laquelle on aurait dû, évidemment, s’attendre. Qu’en pense le linguiste Laurendeau? Et qu’en pense le sociolinguiste?

Paul Laurendeau (Ysengrimus): La philologie coranique nous donnera à rencontrer le type de variations thématiques et linguistiques que vous avez la finesse de brièvement décrire pour nous. C’est fatal et ma joie ici c’est de voir des penseurs musulmans se mettre par eux-mêmes à ce genre d’analyse. Le jour où ils regarderont le corpus crucial dont ils sont les dépositaires culturels avec la sérénité de l’historien, cela sera d’une utilité immense pour le savoir universel. Vos observations de détails annoncent l’aube de ce jour et j’en suis ravi. Pour le penseur athée, le Coran n’est pas un texte révélé et c’est de le croire un texte révélé qui minimise son importance. Ce postulat mystifiant sereinement fracturé, le vrai travail de recherche peut commencer. Le linguiste Laurendeau, qui n’est pas un orientaliste, vous dira, abstraitement mais sans risque, que les unités lexicales voyagent, notamment de par le commerce des objets qu’elles désignent. Pas de surprise donc de voir des mots grecs dans l’arabe, y compris celui du Coran dont on ne se fatigue plus à démontrer qu’il est un long ouvrage écrit dans une langue terrestre, soumise notamment à une variation sociolinguistique laissant son lot de traces philologiques. Cause entendue, à tout le moins dans le principe. Sur le sociolinguiste maintenant, vous me permettrez, en prenant un petit peu de hauteur, d’en invoquer un et pas le moindre: Mahomet lui-même. Citoyen de la Mecque, ce vaste et tumultueux marché des convergences, pendant des années, il ne lui a pas échappé que les Arabes se mécomprenaient sur tout: les dieux (idoles) qu’ils adoraient, les ententes tribales qu’ils contractaient, les réseaux commerciaux qu’ils mettaient en place. Bisbille intégrale. Foutoir permanent. Le seul élément intellectuel d’unification qui raccordait ces gens, c’était la langue. Une langue commune, belle, sonore, ancienne, fort peu soumise aux contraintes variationnistes et ce, pour toute la Péninsule Arabique. Pas surprenant que Mahomet ait assis son culte d’abord et avant tout sur le récitatif oratoire comme essence du rapport au divin (Récite!… Récite!… sont les tous premiers mots du Coran), ensuite sur le livre, comme dogme. L’islam est une des seules grandes religions où la langue entre, dès le dispositif fondateur, en perspective mystique. En voilà de la belle sociolinguistique empirique constitutive de cohésion sociopolitique! Mahomet nous donne aussi à voir comment un sociolinguiste passable peut devenir un théologien mauvais. En effet, sur la base de l’unité linguistique des Arabes, maintenue par delà conflits et crises sociales, le Saint Prophète a voulu voir l’indication d’un monothéisme ancien, unitaire lui aussi mais perdu, qu’il fallait restaurer, en puisant dans la tradition localement disponible. Mahomet n’a pas vu ou voulu voir qu’il faisait, lui, de par la force et la cohésion de son action, entrer en monothéisme abrahamique des populations polythéistes depuis toujours mais prêtes, mûres. Ce faisant, il prouva factuellement, glottognoséologue avant la lettre, que l’unité linguistique pouvait servir de tremplin à une unité idéologique et/ou sociopolitique plus profonde qui elle, finirait par rayonner sur le monde entier, et dépasser les barrières linguistiques ayant tant tellement délimité les oscillements initiaux de son berceau.

Allan Erwan Berger: Venons-en à Aïcha, à sa disparition momentanée d’une caravane, à son retour tardif sous la conduite d’un jeune homme. Vous faites de cette histoire un pivot, celui du moment où une femme soucieuse de son exactitude comportementale s’est vue souillée d’un soupçon, où toute sa foi innocente en son mari a été ébranlée… et tout l’édifice avec, car monsieur resta diablement silencieux et ne prit pas sa défense immédiatement. De ce jour commence la période où Aïcha met de la distance entre ce qu’elle perçoit et ce qu’elle s’en dit. Changée par cette fêlure dans sa foi, elle devient même humoriste, n’hésitant pas à égratigner son Saint Prophète à l’occasion d’un décret rendu qui aura, si je me souviens bien des termes, nécessité l’emploi de la couverture, c’est-à-dire nécessité la descente d’une révélation, pour être correctement reçu – Mahomet s’enveloppait dans une couverture quand il sentait qu’on allait lui dicter quelque chose, et là je crois bien que «l’ordre» était de prendre une nouvelle femme. Bref, Aïcha manifeste qu’elle n’est pas dupe, qu’elle détecte un procédé. Elle en fait part à son mari qui ne trouve rien à redire, ni à dire. Aïcha endosse ici un drôle de rôle: celui de surmoi du Saint Prophète. Ce n’est pas si nettement énoncé, bien entendu, mais c’est bien la seule personne féminine à s’être permis un sarcasme dans toute cette histoire. Que vous inspire ce personnage?

Paul Laurendeau (Ysengrimus): D’abord du respect. Le préjugé d’intox occidentale instrumentalise salacement Aïcha, faisant des gorges chaude sur l’âge qu’elle aurait eu au moment d’épouser le Saint Prophète. Il y a là un salissage stérile de faux critique ne suscitant aucune stimulation intellectuelle (et, conséquemment, ne présentant aucun intérêt). Ces développements tendancieux à hue autant que ce que les hagiographes nous fournissent à dia sur Aïcha nous obligent d’abord à poser, plus globalement, la question de la véracité du drame des figures de l’Islam naissant. Je vous pose la question entre nous, mon cher ami. Macbeth, dernier roi effectif de l’Écosse indépendante, a-t-il tout aussi effectivement trucidé son prédécesseur le roi Duncan, en opérant comme le pâle séide de son épouse, Lady Macbeth, elle-même seule colonne vertébrale vivante et durillonne de l’Écosse sauvage? C’est historique ou c’est fictif ou on s’en tape? Vous me suivez? Quelle pertinence factuelle reconnaître au drame shakespearien? Sauf que surtout, la question se pose: quelle pertinence allouer à cette question-là même… cette quête fallacieusement distillante et niaisement positiviste de la ci-devant vérité historique? Il en est autant d’Aïcha qui, elle aussi, se donna à nous à travers des traces semi-légendaires et au sujet de laquelle la problématique cruciale n’est pas de l’ordre du que fit elle? mais bien de l’ordre du que signifie t’elle? D’où l’entière validité philosophico-herméneutique de votre question: que vous inspire ce personnage? Les faits historiques ou légendaires présentés dans mes deux chapitres La Nuit d’Aïcha et La Bataille d’Aïcha viennent des hagiographes musulmans. Ces péripéties sont retenues dans le canon musulman, si vous me passez la formulation. Mon regard, mon angle d’approche de la figure d’Aïcha, par contre, vise à faire ressortir la dimension féministe de la quête largement involontaire de la troisième épouse du Saint Prophète. Aïcha incarne pour moi la droiture civilisationnelle des femmes (de toutes les femmes, hein, pas seulement des musulmanes). L’innocence impromptue de sa fidélité maritale au sein du grenouillage potineux des médinois et des médinoises, son souci, plus tard de faire passer les meurtriers du calife Othman en justice et non de les gracier tapageusement, dans le style des vieilles confréries arabes SONT l’innovation de l’apport d’Aïcha. Ces deux traits, fidélité tranquille et sans mélange envers l’engagement marital, soucis articulé de justice sociale, nous donne Aïcha comme Femme, plus précisément comme Civilisation-Femme. Inutile de dire que, pour des siècles, les machos malodorants (et pas seulement les machos malodorants musulmans) n’ont voulu ni d’Aïcha ni de sa signification critique profonde.

Allan Erwan Berger: À partir du second tiers du recueil, votre vagabondage en terre d’islam vous amène à nous poser des questions malcommodes et à émettre quelques commentaires à propos des malentendus et incompréhensions qui mitent nos relations avec les musulmans. Ce n’est vraiment pas simple. C’est d’autant moins simple que peu de gens prennent la peine de s’informer, que tout est fait pour désinformer, et que l’on confond –par bêtise, par ignorance et par calcul– pratique religieuse avec coutume laïque. Dans ces conditions, comment un individu lambda, disons un téléspectateur un peu critique, peut-il arriver à démêler le mensonge pour ne plus en être infesté? Y-a-t-il des clés d’identification des malentendus qui permettraient par exemple de catégoriser ceux-ci, à partir de quoi l’on pourrait envisager de réfléchir plus sereinement sans avoir à se jeter bêtement sur la sordide épicerie des fabricants de problèmes?

Paul Laurendeau (Ysengrimus): Discuter directement avec des musulmans reste la façon la plus assurée de se débarrasser de la couche d’intox et de propagande. Tout devient toujours plus simple entre nous, au troquet ou au marché, vous avez pas remarqué? Ce qu’il faut garder à l’esprit en conversant avec des musulmans c’est que ce ne sont ni des spécialistes de politique internationale, ni même des spécialistes de l’islam (le Coran leur est désormais presque aussi illisible que la Bible en latin). Mais leur naturel et leur traitement direct et frais de la réalité sociale ouvrent bien des yeux occidentaux, si ceux-ci ont eu la prudence élémentaire de laisser la condescendance au vestiaire. Mon chapitre intitulé Entretien avec une québécoise d’origine libanaise portant le voile exemplifie lumineusement ce genre de fructueux dialogue. Évidemment la première réaction de nos compatriotes musulmans et musulmanes quand on les approche ainsi est souvent une sorte de surprise amie. Je reviens d’un séjour à l’hôpital et j’ai eu des conversations hachées (ces travailleuses sont débordées) mais très intéressantes avec une infirmière d’origine marocaine, jeune mariée, ne portant pas le voile, et que nous appellerons Amina. Amina me disait qu’elle était heureuse en ménage avec un marocain qu’elle a connu à Montréal, dans le quartier où elle vit depuis son enfance, et qu’elle était professionnelle et que ni son mari ni son père ne lui dictait ses comportements. Cela me parut parfaitement convainquant. Elle me dit aussi: «Par contre vous, je vous trouve bien critique envers l’Occident. De la propagande malhonnête, il y en a dans tous les pays vous savez, au Moyen-Orient aussi». Respectueux de son regard critique sur son segment-monde d’origine, j’ai quand même été moralement obligé de lui dire ceci: «Amina, je vais devoir laisser les gens des pays dont vous parlez ici faire leur propre autocritique. Je ne peux pas faire leur autocritique pour eux, vous comprenez. Chacun a son bout de chemin à faire. On ne peut pas faire l’autocritique des autres. Donc moi, je m’occupe de l’autocritique des occidentaux, blancs, condescendants, outrecuidants, adipeux, et peu amènes. Car vous, vous ne savez pas comment pense un occidental, blanc, condescendant, outrecuidant, adipeux, et peu amène. Moi je le sais.» Cela a bien fait rire Garde Amina de m’entendre parler comme ça. Et je dois dire que, une fois de plus, j’ai appris plus sur mes compatriotes musulmans, en conversant avec cette infirmière au jour le jour, que devant n’importe quelle téloche. Clef d’identification des malentendus, vous me demandez? Conversons directement et ouvertement avec nos compatriotes musulmans. C’est aussi prosaïque que limpide et fort inspirant, même quand ce ne sont pas des gens savants avec qui on a la chance d’échanger.

Allan Erwan Berger: À propos de voile justement, je vous invite à commenter une décision qui confirme vos observations. En 2012, Cheikh Mustafa Mohamed Rached, professeur de droit islamique, a soutenu à l’université d’al-Azhar au Caire une thèse portant sur le caractère non religieux du port du hijāb (dans l’acception moderne du mot: voile). Après l’étude de la thèse du cheikh Mustapha, plusieurs spécialistes et théologiens ont conclu (juillet 2015) que son étude «approfondie des versets coraniques met un terme au débat autour de l’obligation ou non du voile». Le port du hijāb n’est pas un devoir islamique, mais se rattache à des pratiques de décence liées à la coutume, ce que confirme votre «Entretien avec une québécoise d’origine libanaise…» : pour elle, sortir sans foulard serait comme, pour vous, sortir en slip dans la ville. Voilà pour cette décision, qui libère les femmes d’un devoir, et leur reconnaît un droit. Des religieux, en étudiant précisément leur livre sacré, viennent ainsi d’amputer l’exercice de leur religion d’une de ses plus voyantes pratiques. Imaginons qu’un jour des exégètes démontrent que nulle part l’amour libre n’est interdit par les évangiles, en s’appuyant sur le personnage du «compagnon préféré de Jésus» ou sur la relation du Christ avec Marie-Madeleine: est-ce ainsi qu’une religion combat sa propre déréliction? En portant un regard froid et honnête sur son propre corpus prescriptif?

Paul Laurendeau (Ysengrimus): Les religions sont des dispositifs intellectuels bricolés. Ça, en partant, c’est un principe. Une religion, c’est gluant mais c’est mollet aussi, malléable, onctueux. C’est bien pour cela que ça colle et que ça s’adapte, s’ajuste et, conséquemment, perdure. Il est aussi lancinant de noter (je suis certain que, magnanime comme vous l’êtes, vous allez me pardonner ce truisme) que les religions sont solidement corrélées à des dispositifs autoritaires. Ceci n’est pas tout de suite évident d’ailleurs et quand on gratte un peu, on constate que l’autoritarisme des religions leur est souvent greffé au fil des phases historiques par des instances extérieures au mythe ou au fantasme, exploitant la naïveté des sectateurs. On peut joindre à votre très sympathique exemple libertin marie-magdaléen celui, plus criant et beaucoup moins marrant, du célibat des curetons. N’importe quel historien minimalement sérieux vous expliquera que le célibat obligatoire des hommes d’églises fut mis en place, dans le cadres très précis de la hiérarchie pyramidale médiévale, pour permettre à l’église, comme corps de pouvoir, d’éviter d’avoir à se taper un gros problème d’intendance récurrent dans le modèle royal (et ducal): celui de l’hérédité des charges. Sans héritier, un chanoine ou un évêque léguait tout son avoir à l’église et ne la turlupinait pas sans fin pour que fiston ramasse le diocèse (alors que les rois et les ducs se battaient constamment pour positionner dans les marches dangereuses ou dans les charges administratives sensibles des hommes compétents plutôt que leurs rejetons). Il n’y a rien dans les textes sacrés sur cette question du célibat ecclésiastique, zéro, nada. C’est un artéfact moyenâgeux cardinal (avec calembour) qui ne disparaîtra effectivement que chez les réformés portés par le vent nouveau du monde marchand et du capitalisme commercial. Ouvrons collectivement les yeux une bonne fois. L’explication des problèmes religieux n’est jamais vraiment religieuse. Elle est matérielle, historique et sociale. Et à mes petits chrétiens ethnocentristes qui chialent constamment contre l’islam de nos compatriotes sans regarder dans leur propre cours, je me dois de répéter cette petite ritournelle de Jésus qu’on oublie constamment parce que ça fait tant tellement notre affaire de ne pas trop la laisser nous influencer dans un sens autocritique. Que celui dont l’ardoise est propre lance la première pierre…

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Paul Laurendeau (2015), L’islam, et nous les athées, ÉLP Éditeur, Montréal, format ePub ou Mobi.

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Une liaison homosexuelle et la colère du Tsar : La mort précoce de Tchaïkovski était-elle un suicide ?

par Dr. Paul Kindlon. Dans un langage sans ambiguïté, le chef d'État russe reproche à Tchaïkovski d'avoir jeté l'opprobre sur le pays en raison d'une liaison homosexuelle illicite avec le fils de l'ambassadeur d'Espagne.

1914/1917, le génocide des russophones de Galicie par l’Autriche-Hongrie

par Dmitry Plotnikov. Avant que la région ne devienne le centre du nationalisme ukrainien, les russophiles locaux ont été anéantis dans un des premiers camps de concentration d'Europe.

Les vacances en Irlande d’un des fondateurs du matérialisme historique (1856)

Cette illustration journalistique anglaise montre le village bien oublié de Movern (Irlande), vers 1849. C’est là le genre de paysage dévasté qu’Engels et Burns ont découvert lors de leurs vacances en Irlande, en 1856

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YSENGRIMUS — À l’été 1856, en mai, Friedrich Engels (1820-1895) et sa conjointe Mary Burns (1822-1863) sont en vacance en Irlande. Ils voient, comme tous vacanciers, des paysages, des collines, des forêts, des pâturages, des ruines anciennes, des gens couleur locale, des villages, du folklore politique, un mode de vie. Évidemment, étant qui ils sont, ils voient aussi l’essence des choses à travers la surface des faits: l’inexorable passage de la propriété agraire des mains de la vieille aristocratie celtique déclassée à celles des grands fermiers bourgeois anglo-écossais, sous l’impulsion, ouvertement coloniale, du gouvernement anglais. De retour en ses pénates de Manchester (Angleterre), Engels écrit à Karl Marx (1818-1883) et lui envoie la carte postale épistolaire suivante de ses vacances en Irlande, d’un des fondateurs du matérialisme historique à l’autre…

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Manchester le 23 mai 1856,

Cher Marx,

Dans notre tour en Irlande, nous nous sommes rendus de Dublin à Galway sur la côte occidentale, puis nous avons poussé 20 milles plus au nord à l’intérieur du pays, pour gagner ensuite Limerick, en descendant le Shannon, vers Tarbert, Tralee, Killarney, et de nouveau Dublin. Au total, de 450 à 500 milles anglais, en plein pays dont nous avons vu ainsi à peu près les deux tiers. Hormis Dublin, qui est à Londres ce que Düsseldorf est à Berlin et garde complètement son caractère ancien de petite résidence entièrement bâtie à l’anglaise, tout le pays, les villes surtout, donnent la même impression que si on se trouvait en France ou en Italie du Nord: gendarmes, prêtres, avocats, bureaucrates, gentilshommes propriétaires, en plaisante abondance, et une absence totale de quelque industrie que ce soit. De sorte qu’on aurait peine à concevoir de quoi vivent toutes ces plantes parasites, si la misère des paysans ne remplissait pas l’autre partie du tableau. Les «mesures fortes» sont visibles à tout bout de champ, le gouvernement fourre son nez partout et de ce qu’on nomme self government, pas la moindre trace. On peut considérer l’Irlande comme la première colonie anglaise, laquelle, en raison de sa proximité, est encore gouvernée exactement à l’ancienne mode, et l’on remarque ici déjà que la prétendue liberté des citoyens anglais repose sur l’oppression des colonies. Dans aucun pays, je n’ai vu autant de gendarmes, et l’expression du gendarme prussien bourré de schnaps a, chez ces constabulary [constables] armés de carabines, de baïonnettes, et de menottes, atteint son plus haut degré de perfection.

Les ruines sont une caractéristique du pays; les plus vieilles datent des cinquième et sixième siècles, les plus récentes du XIXe, avec toutes les périodes intermédiaires. Les plus anciennes sont uniquement des églises, à partir de 1100 – églises et châteaux, à partir de 1800 – maisons de paysans. Dans tout l’Ouest, mais surtout dans la région de Galway, le pays est couvert de ces maisons paysannes en ruines, dont la plupart n’ont été abandonnées que depuis 1846. Je n’aurais jamais cru qu’une famine puisse être d’une réalité aussi tangible. Des villages entiers sont vides et, parmi eux, les parcs somptueux de petits landlords qui seuls y résident encore; des avocats pour la plupart. La famine, l’émigration et les clearances [l’éviction des paysans] ont tout à la fois accompli cette œuvre. On ne voit même pas de bétail dans les champs. Le pays est un désert absolu, dont personne ne veut. Dans le comté de Clare, au sud de Galway, cela va un peu mieux, il y a du bétail, et les collines, vers Limerick, sont admirablement bien cultivées, surtout par des farmers [fermiers] écossais; les ruines ont été gecleart [déblayées] et la campagne a un aspect de prospérité bourgeoise. Dans le sud-ouest, le pays est montueux et marécageux, mais on trouve aussi de merveilleux et luxuriants massifs forestiers, puis encore de beaux pâturages, surtout à Tipperary; et aux approches de Dublin s’étendent des terres dont l’aspect indique qu’elles sont en train de passer aux mains des gros farmers [fermiers].

Ce pays a été totalement dévasté par les guerres de conquête des Anglais, depuis 1100 jusqu’à 1850 (car les guerres et les sièges se sont au fond prolongés tout ce temps). Et la plupart des ruines sont l’effet de ces guerres. Telles sont les causes qui ont imprimé au peuple son caractère particulier et entre autres le fanatisme national irlandais de ces gars, qui ne se sentent plus chez eux dans leur propre pays. Irland for the Saxon! [L’Irlande aux Saxons!]. C’est ce qui est en train de se réaliser. L’Irlandais sait qu’il ne peut pas soutenir la concurrence contre l’Anglais qui arrive avec des moyens supérieurs à tous égards; l’émigration va se poursuivre, jusqu’à ce que la caractère celtique dominant, et même presque exclusif, de la population, se soit perdu. Combien de fois les Irlandais ont-ils tenté d’arriver à quelque chose, et chaque fois ils ont été écrasés sur le terrain politique et industriel. Ils ont été réduits, artificiellement, par une oppression conséquente, à l’état d’une nation composée tout entière de gueusaille, dont actuellement la vocation notoire est de fournir l’Angleterre, l’Amérique, l’Australie etc., de prostituées, de journaliers, de maquereaux, de filous, d’escrocs, de mendiants et autres racailles. Cette déchéance est visible jusque dans l’aristocratie. Les propriétaires fonciers, partout ailleurs embourgeoisés, sont ici dans la panade la plus complète.

Des parcs énormes et superbes entourent leurs manoirs, mais tout à la ronde c’est le désert et nul ne sait où se procurer de l’argent. Ces drôles sont à mourir de rire. De sang mêlé, ces grands vigoureux et beaux gaillards pour la plupart, qui portent tous d’énormes moustaches sous un formidable nez romain et se donnent des airs de colonels en retraite passent leur temps à courir le pays en quête de tous les plaisirs possibles et imaginables, et quand on s’informe, ils n’ont pas un sous vaillant, ont engagé jusqu’à leur dernière chemise et vivent dans la crainte des Encumbered Estates Court.

En ce qui concerne les méthodes du gouvernement anglais de ce pays –méthodes de répression et de corruption mises en pratique par l’Angleterre bien avant les expériences de Bonaparte en la matière– ce sera pour la prochaine fois, si tu ne viens pas toi-même ici. Qu’en est-il?

Ton F. E.

(MARX – ENGELS, CORRESPONDANCE, Éditions du Progrès, Moscou, 1981, pp 86-88 – cité directement depuis l’ouvrage]

Cette photo irlandaise, datant de 1860, n’accompagnait pas la lettre d’Engels mais croque fort bien ce qu’il y évoque. Ce pont se trouvait en fait plus à l’est de la zone visitée par Engels et Burns

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Un Think tank important de l’UE reconnaît que l’Occident est déconnecté du reste du monde

Par : jmarti

andrew-korybko

Par Andrew Korybko − Le 22 février 2023

Le contraste entre les visions du Milliard Doré et le Grand Sud au sujet des événements de l’année passée, de l’état actuel des affaires, et de l’avenir proche renforcent les conclusions tirées par le Conseil européen des relations internationales, selon lesquelles l’Occident est véritablement déconnecté du reste du monde, chose qui reste un tabou pour les élites occidentales.

Les « Exceptionnalistes occidentaux » qui croient en la suprématie de leur civilisation seront choqués de découvrir qu’un groupe de réflexion européen de haut niveau a reconnu il y a peu que leur bloc de Nouvelle Guerre Froide est déconnecté du reste du monde. Le Conseil européen des relations internationales (ECFR), que l’on saurait qualifier de « marionnette russe » ou même d’entretenir des amitiés envers la Russie, vient de publier un rapport accablant sous le titre : « L’Occident Uni, divisé du reste du monde : opinion publique mondiale à l’issue d’une année de guerre russe en Ukraine« .

Faisant état de données issues d’un récent sondage mené par la prestigieuse Université d’Oxford, ils décrivent que la rhétorique « pro-démocratie » et d’« ordre basé sur des règles », épousée par le Milliard Doré, États-Unis en tête, a consolidé au sein de leur bloc tout en les déconnectant du Grand Sud. Comme tout observateur objectif aurait pu s’y attendre, les habitants de ce Grand Sud ne perçoivent pas le conflit ukrainien de la même manière que ceux du bloc occidental.

Si le Milliard Doré se montre prêt à soutenir la guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Russie en Ukraine aussi longtemps que nécessaire pour que Kiev récupère les territoires par elle revendiqués, le Grand Sud veut que le conflit cesse aussitôt que possible. Le bloc occidental en est arrivé comme prévu à détester la Russie au cours de l’année écoulée, alors que le Grand Sud continue d’entretenir des sentiments très positifs envers la Russie, surtout en Inde où l’énorme proportion de 80% de la population considèrent ce pays soit comme « un allié », soit comme un « partenaire nécessaire — avec lequel nous devons coopérer stratégiquement ».

De même, le Grand Sud estime que la Russie n’a rien perdu de ses forces au cours de l’année écoulée depuis le début de son opération spéciale, voire s’est renforcée au cours de cette période. Autre point majeur de divergence entre le Grand Sud et le Milliard Doré : les États du Grand Sud se considèrent déjà comme des démocraties décentes, le sous-entendu étant qu’ils n’ont pas besoin que l’Occident les « conseille », et ils se montrent sceptiques quant aux intentions de l’Occident en Ukraine. Ils ne distinguent en outre aucune différence entre les États-Unis et l’UE sur ce point.

Alors que le Milliard Doré s’accroche à un avenir bipolaire, largement façonné par la compétition mondiale entre les États-Unis et la Chine, le Grand Sud estime que l’avenir sera véritablement multipolaire. Ces visions contraires sur les événements récents, l’état actuel des affaires, et l’avenir proche renforcent la conclusion du ECFR, selon lesquelles l’Occident est véritablement déconnecté du reste du monde, d’où la recommandation quelque peu surprenante qu’il émet : il faut respecter la souveraineté de ces États du Grand Sud.

Pour reprendre les termes du rapport : « À notre avis, l’Occident serait avisé de traiter l’Inde, la Turquie, le Brésil et les autres puissances comparables comme de nouveaux sujets souverains de l’histoire du monde, plutôt que comme des objets que l’on peut pousser du bon côté de l’histoire… L’Occident va devoir vivre comme un pôle parmi d’autres au sein d’un monde multipolaire, avec des dictatures hostiles comme la Chine et la Russie, mais également avec des puissances majeures indépendantes comme l’Inde et la Turquie. »

Les « Exceptionnalistes occidentaux » mentionnés au début du présent d’article vont probablement continuer à se bercer d’illusions au sujet de la conclusion à laquelle est parvenu l’ECFR, et vis-à-vis de ses recommandations, puisque qu’ils sont dans l’incapacité d’approuver les décisions souveraines prises par les autres pays, surtout au sujet de leurs systèmes de gouvernement et des partenariats internationaux. Quoi qu’il en soit, même s’il est peu probable que les conseils prodigués par ce groupe de réflexion seront parfaitement suivis, il faut féliciter l’ECFR d’avoir présenté cette vision, qui reste largement taboue en Occident.

Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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